Les bandits tragiques de Victor Méric (1926)
Les Bandits tragiques raconte l’histoire de la bande à Bonnot, une poignée d’hommes encore jeunes lancés dans une épopée sanglante qui ne les conduira nulle part. L’auteur y relate dans le détail chaque épisode de leur course folle, examine leurs personnalités et revient sans indulgence sur le journal dont ils faisaient partie, L’Anarchie. Il dépeint les théories illégalistes que l’on y défendait volontiers, selon lesquelles vol et fausse monnaie, en tant que réappropriation des biens acquis sur la base de l’exploitation sociale, étaient élevés au rang d’actes révolutionnaires. Il raconte enfin comment ces hommes, refusant leur avenir tracé d’esclaves salariés, voulaient vivre en anarchistes, sans attendre une hypothétique Révolution.
L’aventure des bandits tragiques est surtout, pour Victor Méric, l’occasion de dénoncer le rouleau compresseur répressif qui s’est abattu sur les membres de L’Anarchie, et tout particulièrement sur Eugène Dieudonné. S’appuyant sur le seul témoignage d’un garçon de recette attaqué par la bande, la police l’accusa d’être l’un des agresseurs. Et malgré l’authentique alibi dont disposait l’accusé, malgré les multiples déclarations des véritables auteurs de l’attaque, il fut déclaré coupable et condamné à la peine de mort. On ne l’exécuta certes pas, sa peine ayant été au dernier moment commuée en travaux forcés à perpétuité. Mais il paya au prix fort sa proximité avec les bandits tragiques, en demeurant au bagne pendant plus de dix ans.
Au bagne, il tente plusieurs fois de s’évader. Il y réussit le 6 décembre 1926. Il est finalement grâcié, après les campagnes d’Albert Londres et de Louis Roubaud, et s’établit alors comme fabricant de meubles dans le faubourg St-Antoine où il écrit La Vie des Forçats.